La plupart des articles de presse récents et anciens qui traitent du contournement de Beynac, présentent le sujet comme l’opposition entre Germinal Peiro, le Président actuel du Conseil départemental et quelques personnalités locales, « les châtelains », résultat de « vieux » conflits de personnes. En revanche, peu d’articles font état des batailles politiques entre La République En Marche, les Ecologistes et d’autres forces politiques qui luttent pour augmenter leur influence, voire prendre le Département car nous le savons, l’abandon de l’Etat dans cette affaire – le gouvernement précédent ayant refusé de faire appel devant la cour administrative d’appel – est bien une décision politique.
Notre Association considère que tout cela n’a pas lieu d’être considérant que seul l’intérêt général devrait primer concernant la déviation de Beynac. Donc, sortons de ce débat stérile.
Le projet de contournement de Beynac est très ancien, plus de 30 ans
Plusieurs exécutifs départementaux ont œuvré de façon concrète pour permettre la réalisation de cette déviation :
- De 1982 à 1992, Bernard Bioulac
- De 1992 à 1994, Gérard Fayolle
- De 1994 à 2015, Bernard Cazeau
- Depuis 2015, Germinal Peiro
Après plus de 30 ans d’études, de projets et d’hésitations en tout genre, face à l’absence d’alternative crédible et aux problèmes causés par le trafic routier dans la traverse de Beynac, la déviation de Beynac a été reconnue d’utilité publique le 26 décembre 2001. Cette reconnaissance est irrévocable ; c’est-à-dire qu’elle ne peut plus être remise en cause.
Pour autant, ce n’est pas un projet du passé. La mobilité et sa gestion sont des sujets d’actualité pour les villes, les départements, les régions, la France toute entière. Toutes les collectivités territoriales, car c’est de leurs compétences, travaillent sur des plans de déplacement, de mobilité. Ce n’est pas parce que nous nous préoccupons du réchauffement climatique que, du jour au lendemain, il n’y aura plus de déplacements en voiture et de transport de marchandises par poids lourds. Nous aurons besoin de voies de circulation et de ponts qui respectent l’environnement.
Depuis 2001, la situation ne s’est pas améliorée, elle s’est même dégradée
La reconnaissance d’utilité publique en 2001 signifiait que l’Etat considérait qu’il y avait un problème de circulation routière dans la traverse de Beynac lié à la présence du trafic routier de la D703. A cette époque, l’autoroute A89, qui est souvent présentée par les opposants comme une solution pour dévier les poids lourds qui fréquentent la D703, existait déjà. Depuis cette date, le trafic a progressé, en particulier celui des camions.
Les travaux réalisés sous le dernier mandat d’Alain Passerieux, pour créer une passerelle piétonnière, permettent désormais aux visiteurs de longer la Dordogne, ce qui était impossible précédemment, mais n’ont apporté aucune solution sur le plan de la circulation en terme de sécurité, de fluidité, de pollution, etc … Plusieurs endroits ne permettent pas le croisement de 2 poids lourds. Ca coince régulièrement en toute période de l’année, comme le montrent les photos prises par les usagers de la D703 et publiées sur notre page Facebook.
La traverse de Beynac reste un point noir pour les déplacements dans la vallée
Depuis décembre 2018, date de la décision de suspendre les travaux de Beynac par le Conseil d’Etat, notre association publie des témoignages d’usagers de la D703 confrontés à des situations de circulation avec des risques et des nuisances pour les riverains, pour les visiteurs d’un des plus beaux villages de France et pour les conducteurs, qui ne seraient acceptés dans aucun autre village, aucune ville de France. A plusieurs endroits de la traversée du village, les poids-lourds sont obligés de monter sur le trottoir pour pouvoir se croiser.
Ce sont plusieurs dizaines de photos publiées sur notre page Facebook et dans le carnet « Beynac massacré » que nous avons édité.
Par ailleurs, la situation actuelle ne permet pas le développement du vélo dans de bonnes conditions compte tenu des risques entre Saint Vincent de Cosse et la sortie du village de Beynac. Encore une fois, Beynac et sa forteresse bloquent. Le cyclotourisme mériterait d’avoir une voie dédiée ; c’est la voie douce qui relierait Libourne à xxxxxxx.
C’est pourquoi le vote des écologistes de la région contre le financement de cette voie douce (en 2020 ??) est totalement incompréhensible ; alors qu’ils se disent adeptes des déplacements « doux » dans les grandes métropoles. Y aurait-il des arrières-pensées politiques ?
Y a-t-il une solution alternative dans la vallée ?
La chaussée dans la traverse de Beynac n’est pas adaptée pour recevoir un tel trafic routier : plus de 7.000 véhicules (12.000 / jour durant la période estivale dont 300 poids lourds). Elle a été construite dans le rocher entre la falaise, les murs des maisons et la Dordogne. Il n’est donc pas possible de l’élargir; à moins de construire une pont qui longerait la rivière !
La situation juridique du contournement de Beynac est « ubuesque »
D’un côté, la déviation de Beynac est reconnue d’utilité publique et c’est irrévocable.
De l’autre, une décision du Tribunal administratif, confirmée par la Cour administrative d’appel, annule l’autorisation de réaliser les travaux rendue par la Préfecture de la Dordogne en janvier 2018 au motif que l’intérêt public majeur n’est pas reconnu; cette condition étant nécessaire pour réaliser des travaux dans une zone Natura 2000.
La situation est pour le moins ubuesque. Ce serait drôle si ce n’était à pleurer.
En effet, comment les services de l’Etat et les experts ont-ils pu rendre des avis favorables lors des études préliminaires et de l’enquête publique qui ont permis à la Préfète de donner l’autorisation de travaux ?
Sont-ils incompétents ou ont-ils rendu des avis conformes à la déclaration d’utilité publique considérant que la situation très dégradée présentant d’importants risques en terme de sécurité justifiait ce contournement ?
Dans cette affaire, l’égalité des citoyens devant la loi n’est pas assurée. En effet, la plupart des demandes d’autorisation de réaliser des déviations de n’importe quel village, ou ville est accordée alors qu’elle est refusée au village de Beynac ; pourtant l’un des plus beaux villages de France.
D’autres projets de contournement sont également repris comme celui d’Orléans pour lequel la construction d’un pont sur la Loire est également prévue ; la Loire est inscrite zone Natura 2000 et inscrite à l’inventaire du patrimoine de l’UNESCO.
L’Etat dans cette affaire est le seul responsable de la situation de blocage à Beynac
L’Etat a failli à ses obligations dans ce qui est désormais appelé l’affaire de la déviation de Beynac, car il a donné son accord pour réaliser les travaux. C’est lui et lui seul le responsable de cette impasse.
Il a laissé le Département investir dans cette infrastructure nécessaire pour un développement durable de la vallée. Rappelons que cette zone du département de la Dordogne est une des plus touristiques du territoire métropolitain.
Après avoir autorisé les travaux, le gouvernement d’Edouard Philippe a ensuite abandonné le département de la Dordogne en ne faisant pas appel de la décision du Tribunal Administratif de Bordeaux ; pourtant, c’est l’autorisation de réaliser les travaux qui a été annulée.
Est-ce de la tactique politicienne ou de l’amateurisme ? A chacun sa réponse.
Comble du cynisme, l’Etat demande au Département de supporter le coût total de destruction des travaux qu’il avait lui-même autorisé.
Comment sortir de cette situation ?
La seule manière de sortir par le haut aujourd’hui serait pour le gouvernement de demander au Préfet de la Dordogne de prendre un nouvel arrêté préfectoral pour permettre l’achèvement des travaux du contournement de Beynac.